Qui apprécie le gratuit ? Tout le monde, moi le premier. Et même, disons-le, au-delà du fait de ne pas payer pour quelque chose, le gratuit ajoute une petite satisfaction supplémentaire intrinsèque difficile à définir. Cependant, si ce petit coup de dopamine récompense le fait de ménager notre portefeuille, cela ne va toujours sans conséquence sur d’autres plans. Tout particulièrement avec Internet.
Premier effet pervers de la gratuité en ligne, notre cerveau nous joue un vilain tour à notre insu, ce qui se résume simplement. Si c’est gratuit, c’est que ça ne vaut probablement pas plus. Résultat, passé l’excitation initiale d’obtenir du gratuit, le soufflé retombe rapidement et le cadeau va vite se retrouver à prendre la poussière (sur un coin de disque dur s’il s’agit de contenu téléchargeable).
Il faut reconnaître qu’il existe souvent de bonnes raisons à ça, dans la mesure où les cadeaux sont souvent de piètre qualité (ebooks un peu creux, babioles en pratique inutiles comme ce « robot ménager » qui désigne en réalité un mini hachoir de dînette…). A contrario, si j’avais payé ce produit/service de ma poche, je me forcerais à en tirer vraiment profit.
Second effet pervers, l’amour du gratuit peut contribuer à torpiller des secteurs économiques complets. Comme par exemple avec la presse (j’en sais quelque chose), la musique et dans une certaine mesure la vidéo. Bien entendu, l’amour du gratuit ne constitue pas le seul facteur, je vous l’accorde bien volontiers. Mais quand même.
En fait, notre cerveau nous joue là aussi un tour assez retors. Il considère qu’un bien immatériel a finalement bien de valeur qu’un autre bien tangible : un livre, un DVD, une prestation en présentiel… Et si un contenu virtuel ne vaut pas grand-chose, pourquoi le payer ? Voilà pourquoi les copieurs en tout genre ont bonne conscience. « Je n’ai pas volé quelque chose, je l’ai dupliqué, ce qui ne retire rien à son propriétaire » se disent-ils à tort. Car à ce compte-là, pourquoi les créateurs continueraient-ils à créer bénévolement ?
Ces questions de perception réservent d’autres surprises. Je m’amuse toujours de voir des clients me demander une solution à un besoin, apprécier la qualité de celle que je leur soumets… et manquer de tourner de l’œil quand je leur confirme qu’elle est payante. Mince alors ! Quelqu’un a travaillé pour ça et veut être payé !? S’il fallait une démonstration de la démonétisation de l’immatériel, la voilà.
D’ailleurs, pour rester dans le numérique, nous avons une fâcheuse tendance à être aveuglés par les outils ou services en ligne gratuits. Et à en oublier les principaux effets pervers spécifiques. D’abord sur la nature de ce que nous achetons. En l’occurrence, la valeur de la version payante ne vient pas tant du produit ou service que du service client associé. Or avec la version gratuite, vous n’obtiendrez aucune garantie d’aide et encore moins de délais d’intervention. Que ferez-vous en cas de vrai gros problème si une partie de votre activité s’en trouve paralysée, et que vous ignorez combien de temps vous devrez attendre ?
Dans le même ordre d’idée, beaucoup de ces solutions sont maintenant proposées, en versions payantes, sous forme d’abonnement. Encore du récurent en plus, vous désolez-vous probablement. Mais avez-vous vu l’aspect positif de la chose, à savoir l’incitation à l’excellence du fournisseur ? Car la prolongation de votre abonnement dépend de votre satisfaction. Si le fournisseur s’endort sur ses lauriers, libre à vous de partir.
Enfin, rien ne nous protège dans le cas du gratuit contre un changement radical des clauses d’utilisation. Voire contre une disparition pure et simple de la version gratuite. Que ferez-vous si le cas se présente ? Avez-vous un plan B ?
Alors, prêts pour le payant ?
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