Devant l’ampleur de l’offre et la complexité des critères de comparaison, il importe de procéder méthodiquement. D’abord en considérant l’usage, et notamment votre éventuel besoin d’impression photo-réaliste (des photos ou des graphiques d’excellente qualité). Si votre utilisation implique impérativement un rendu graphique irréprochable, la seule technologie adaptée reste le jet d’encre, et de loin. La meilleure des lasers n’offrira en effet sur ce point qu’un rendu très approximatif comparé à une vraie photo.
Si la photo est une priorité
Mais même dans ce cas, il vous faut aussi considérer un autre paramètre : votre rythme d’impression. Si vous vous contentez de deux ou trois photos par semaine en moyenne, je serais tenté de vous conseiller… de ne rien acheter.
En effet, un des principaux défauts de cette technologie vient du fait qu’avec le temps, leur encre sèche. C’est inéluctable. Et cela ne se fait pas de façon homogène. Certaines parties de l’encre vont sécher avant d’autres, constituant des blocs qui obstruent les buses ou nuisent à la qualité d’impression.
Pour y remédier, les constructeurs intègrent à leurs cartouches une puce qui gère leur durée vie. Au-delà de la limite qu’ils ont fixée, le pilote de votre imprimante vous demandera de remplacer la cartouche, désormais considérée comme périmée, même si elle contient de l’encre. Naturellement, cette procédure réellement nécessaire fait bien leurs affaires, puisqu’ils réalisent leur marge sur les consommables.
La technologie n’est pas le principal critère
Mais que certains soient tentés de tirer sur la corde ou pas ne change rien. Si vous imprimez peu, le jet d’encre est un mauvais choix. J’en reviens à mon exemple de 2 / 3 photos par semaine. Si vous rentrez dans ce cas, choisissez plutôt un modèle bureautique et faites imprimer vos photos en ligne, au supermarché, ou chez un spécialiste.
En revanche, les gros consommateurs de rendu photo-réaliste pourront raisonnablement considérer l’achat d’un modèle spécialisé. Mais même dans ce cas, en considérant les contraintes associées (suivi du niveau des cartouches, usage de papier spécial, conséquences des loupés…), je ne suis pas certain qu’un tel choix soit pertinent, et en tout cas plus reposant. Reste néanmoins un avantage irréfutable : pouvoir imprimer ses photos soi-même immédiatement.
Et pour la bureautique ?
Il s’agit probablement de l’usage pour lequel laser et jet d’encre se tiennent de plus en plus dans un mouchoir de poche. Le jet d’encre avait en effet depuis longtemps rattrapé son concurrent sur le terrain de la qualité, c’est maintenant aussi le cas pour la vitesse. Tandis que les grosses lasers départementales plafonnent à 50 pages/minute, des modèles jet d’encre comme la HP Officejet Pro X poussent à 70 ppm. Et ce pour un coût inférieur de moitié à ce qui s’en approche le plus dans l’autre technologie. Les modèles personnels ou pour de petits groupes ont suivi le même chemin, et tutoient maintenant pour les plus rapides les 20 ppm.
Quant au prix d’achat, le laser a pour son compte suivi une chute vertigineuse, puisque le ticket d’entrée se situe pour un modèle monoposte monochrome à 65€ (la Brother HL-2130, par exemple), et en couleur à 110€ (Epson AcuLaser C1700). On arrive donc à des coûts d’acquisition voisins.
Coût d’achat et coût d’usage
En revanche, le coût d’usage reste un vrai facteur différenciant. Il est en cependant extrêmement compliqué à estimer, car cela suppose de trouver un point de comparaison commun. Et les constructeurs trichent tous plus ou moins. De plus, il faut ajouter le coût éventuel des pièces d’usure (têtes d’impression, courroie, tambour…) Et considérer aussi le cas des cartouches grande capacité, ainsi que des possibilités de recharges agréées, qui contribuent à réduire encore l’addition.
Sur le papier, les lasers ont en la matière un sérieux avantage, à condition que leur constructeur reste raisonnable. Ça n’est pas toujours le cas, loin de là, comme le montre l’estimation du site Coût par page. Méfiance donc. Mais pour résumer, j’aurais donc tendance à recommander en usage bureautique systématiquement une laser, sauf dans le cas où un rendu photo-réaliste est nécessaire.
La technologie d’impression n’est pas tout
Outre le mode d’impression, certaines caractéristiques méritent particulièrement votre attention. À commencer par le recto/verso, un vrai bonheur. Il permet d’économiser du papier, d’en avoir moins à manipuler ou transporter, et c’est plus écolo. Que demande le peuple ? Cette fonction se trouve le plus souvent sur les modèles pour petits groupes de travail, en compagnie d’un port réseau que je vous recommande aussi chaudement, en entreprise comme à la maison.
J’ai connu il y a quelques années une PME qui, à chaque embauche, allait acheter une petite jet d’encre couleur au supermarché. Ils n’avaient jamais calculé ce que ça leur coûtait réellement. En leur tordant le bras, je les avais amenés à sortir leurs factures de consommables. Surprise (pour eux), une laser couleur partagée en réseau aurait été amortie en un an ! Sans compter la simplification dans l’achat des consommables, le débit et la qualité supérieurs, le recto/verso… Et cette problématique devient finalement identique à la maison, où il est banal de compter plusieurs ordinateurs fixes, portables, des tablettes, des smartphones…
Imprimante simple ou MFP ?
Mais il existe mieux que les modèles réseau : les imprimantes multifonctions (MFP), qui comprennent aussi un scanner, voire un fax pour les irréductibles. Je dois avouer avoir été longtemps très réticent au concept de tout-en-un pour une raison simple. Si un des composants tombe en panne, ou que vous voulez le faire évoluer, c’est tout l’ensemble qui devra partir en SAV ou à la benne. Mais la chute des prix des MFP a rendu ces réticences caduques, d’autant que ces outils tirent le meilleur parti de la présence d’un scanner.
D’abord, le mariage de ce dernier avec une imprimante constitue un photocopieur, qui ne demande pas un ordinateur allumé et branché pour faire son office. Ensuite, les modèles moyen et haut de gamme comprennent un scanner avec chargeur recto/verso. Mettez votre pile de documents à traiter dedans, et c’est parti pour une numérisation sans aucune intervention humaine. Mieux, si vous disposez d’un petit serveur de fichiers, toujours sans ordinateur, vous pourrez diriger le résultat de vos scans directement dans un répertoire partagé.
Et la marque ?
Avec les difficultés économiques qui se prolongent, certains constructeurs ont dû réduire la voilure, et arrêter leurs lignes de produits les moins rentables. Lexmark a ainsi stoppé le jet d’encre l’année dernière. Mais on peut dire que les mauvais ont disparu depuis longtemps. HP reste incontournable (25% du marché), Samsung joue des coudes. En résumant, je regarderais en priorité chez HP pour une jet d’encre bureautique, chez Epson pour une jet d’encre photo-réaliste, et chez Brother ou HP pour une laser.