Vous avez résisté au bombardement marketing de Microsoft lors du lancement, mais vous vous demandez peut-être si, finalement, cette mise à jour ne serait pas pertinente. La question mérite effectivement d’être posée. Personnellement, j’utilise quotidiennement Windows 8 depuis son pré-lancement en aout dernier, et je serais tenté de vous répondre sans aucune hésitation « faut voir ». Car même si le bilan est globalement positif, pour reprendre la célèbre expression, il y a quand même quelques motifs d’insatisfaction.
Tout ça pour ça

Tout d’abord, les adeptes de 7 ne se retrouveront pas dépaysés. Mis-à-part un vrai changement qui n’est pas forcément à mettre à l’actif de Windows 8 et sur lequel je vais revenir, l’utilisateur reste complètement en terrain connu. C’est bien simple, en apparence, seuls d’infimes détails changent, comme les effets de transparence des fenêtres. Difficile de qualifier ça de révolution. Pour tout dire, le nom semble franchement abusif. Moi, le l’aurais tout simplement baptisé Windows 7.1.
En revanche, il n’en va pas de même pour la vraie principale nouveauté, que l’on peut raisonnablement qualifier de sérieux ratage. Il s’agit en l’occurrence de la nouvelle interface Modern UI, inaugurée un peu plus tôt sur Windows Phone 8. A court d’inspiration pour injecter un peu de sang neuf dans son système d’exploitation, l’éditeur américain s’est imaginé que le futur se trouvait dans les écrans tactiles, et surtout que les possesseurs de PC actuels n’attendaient que ça. Grosse fatigue ? Détresse du créatif sommé de trouver une idée ? Ravage de la drogue ?
Appelez-moi le patron

Toujours est-il que Microsoft a décidé de renouveler radicalement son interface pour tirer parti du tactile, avec un look très épuré, de gros boutons… A la limite, pourquoi pas. Malheureusement, il a considéré un peu rapidement que tout le monde disposait d’un tel écran. Or ça n’est pas franchement le cas, y compris sur les portables. Et si Modern UI peut se pratiquer aussi à la souris, il donne rapidement l’envie de balancer le PC par la fenêtre. Notamment à cause de la disparition du menu Démarrer, remplacé par une page complète d’énormes icones couvrant tout l’écran. Vous n’aimez pas ? Pas grave. Microsoft a considéré que le « progrès » était à ce prix, et qu’il fallait parfois forcer la main à ses clients.
Coup de chance, l’ancienne interface avec son bon vieux bureau et ses raccourcis subsiste toujours en parallèle. Mais pris d’une inquiétante schizophrénie, Microsoft n’a pas vraiment choisi entre les deux. Certains outils ont ainsi été adaptés à Modern UI, d’autres pas. Pourquoi ? Mystère. Et surtout, Windows 8 ne donne pas lors de l’installation la possibilité de choisir entre les deux interfaces en fonction de son équipement. Du coup, on bascule en permanence de l’une à l’autre. De quoi donner à la longue des envies de meurtre, même à un moine bouddhiste neurasthénique.
Rendez-moi ma vie d’avant
La bonne nouvelle, c’est que comme avec la cigarette ou les chocolats belges, on peut s’en sortir à peu près moyennant un minimum de volonté. La nature ayant horreur du vide, de nombreux développeurs se sont attachés à ressusciter le menu Démarrer. Et à mon avis, le plus efficace est l’excellent Classic Start Menu, qui a aussi le bon goût d’être gratuit. Grâce à lui, le menu historique refait son apparition. Et en prime, il permet d’accéder directement au bureau sans passer par la case Modern UI.

Et Microsoft lui-même pourrait se montrer (un peu) moins intransigeant, et surtout plus cohérent. Ainsi, le futur Windows 8.1 (alias Windows Blue) en cours de développement donnerait enfin le choix entre le bureau classique et Modern UI. Et le bouton Démarrer ferait son grand retour. Les dernières rumeurs laissent toutefois penser que ce dernier ne servirait qu’à accéder au menu nouvelle manière.
Mais alors pourquoi casser ma tirelire ?
Si nos amis masochistes trouveront leur compte dans les aspects négatifs (mais néanmoins neutralisables) de Windows 8, y a-t-il de quoi motiver les autres à franchir le pas ? En laissant de côté les gadgets inutiles figurent heureusement quand même quelques raisons conséquentes de se laisser tenter.
D’abord, le nouveau système d’exploitation de Microsoft trouve le moyen de se charger plus rapidement que son prédécesseur, qui en avait pourtant déjà pas mal sous le pied. Il est aussi un poil plus rapide tout court. Mais une des nouveautés les plus consistantes est le mode de fonctionnement de Scandisk, l’outil système chargé de retaper les contenus disques défaillants. En effet, Windows 8 se charge tout seul de détecter et traiter les anomalies, ce qui évite au passage que les choses ne s’enveniment quand l’utilisateur n’est pas conscient de ce qui se passe sous le capot. Et Scandisk n’impose enfin plus de redémarrer pour cela.
Au-delà de ces vraies nouveautés, il y a le travail d’entretien, difficile à décrire en détail, mais que l’on sent bien. Les vieux modules poussiéreux réécrits ou optimisés, les petites améliorations ergonomiques comme la possibilité, par exemple, de mettre une copie de fichier en pause. Même la fonction de détection des ressources réseau qui semblait dater de Windows 3.11 marche enfin presque comme elle devrait. Pas de quoi sauter de joie, mais ça fait quand même plaisir.
Bon, je vous l’emballe ?
Ça mérite tout de même réflexion, car il n’y a pas vraiment de quoi se rouler par terre. Mais sachant que ce petit ménage de printemps n’est facturé que 60€ en mise à jour, après tout, pourquoi pas ? Gardez toutefois en tête qu’une mise à jour implique un certain niveau de risque, et que vous pourriez avoir à tout réinstaller de zéro. En effet, certaines applications et pilotes nécessitent une mise à jour pour fonctionner sous Windows 8. Prenez donc vos précautions : sauvegardez vos données personnelles au cas où.