Formation : le pompier pyromane a encore frappé !

Le saviez-vous, la formation est une profession réglementée. Elle se trouve astreinte à un certain nombre d’obligations administratives (déclarations, statistiques, contrôles, méthodologies…) qui me semblent totalement déraisonnables. J’y reviendrai.

De fait, les usines à gaz réglementaires se succèdent (Datadock, certification…) avec toujours plus de contraintes à la clé. Preux chevaliers blancs, les ministres successivement en charge de la question nous expliquent naturellement que c’est pour notre bien. Et même dernièrement, notre ministre Murielle Pénicaud concluait qu’il fallait assainir la profession pour lutter contre les abus et l’inefficacité du système, quitte à ce que bon nombre d’acteurs passent de vie à trépas. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage, dit le proverbe.

Résultat : le « big bang » de la formation. Mais attentions aux dommages collatéraux. Effectivement, le gouvernement n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Les Opca, dont il faut reconnaître qu’ils n’ont pas tous brillé par leur efficacité, leur honnêteté ou leur rigueur morale, vont subir un véritable bombardement atomique. Il ne restera au final qu’un petit nombre de structures beaucoup plus grosses rebaptisées Opco (et qui seront bien plus faciles à contrôler).

Au passage, l’état va sérieusement revoir les rôles. Il va ainsi reprendre la main sur la caisse en gérant directement les fonds, tandis que les Opco (Opérateurs de compétences) seront chargés du flicage d’adapter l’offre. Franchement, les bras m’en tombent. Je pensais naïvement que mes clients avaient assez de jugement pour comprendre le niveau de pertinence de mes formations, prendre leur décision, et ne pas y revenir en cas d’insatisfaction. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis.

A force de jouer avec le feu, le ministère du travail risque tout simplement de mettre le feu au secteur

À l’origine, la gestion de la formation partait d’un bon sentiment. Puis le système a généré un certain nombre d’abus, que les récentes mesures entendent corriger. Toutefois, il y a une conséquence que nos brillantes élites ne semblent pas distinguer. En ouvrant toujours plus grand le robinet à réglementations, l’état a (entre autres) définitivement détruit la notion de valeur de la formation.

Tous mes confrères formateurs me le confirment. Les entreprises clientes viennent de moins en moins souvent chercher avant tout une bonne formation adaptée à leurs besoins. Leur priorité consiste plutôt à obtenir un financement à 100%, et peu importe le reste. Seuls deux jours peuvent être financés dans leur cas sur les trois de la formation choisie ? « Faites-la tenir sur deux jours. Je n’ai pas de budget ».

On coche juste des cases. Le prix n’a plus de sens. La qualité non plus. À force de réglementations, la formation est devenue gratuite dans la tête de beaucoup. La bonne adéquation de ce qu’ils achètent à leurs besoins ? Un détail. Comment croire qu’encore plus de contraintes administratives vont redonner du sens et de la valeur à la formation ?

Sous prétexte de qualité et d’assainissement de la profession, l’état a déjà détruit la notion de prix. En doublant la dose, je crains que de tels pompiers pyromanes n’achèvent de tuer la formation tout court. En tout cas, à faire comme s’il n’existait que de grandes structures de formation capables d’assumer des torrents de paperasse, on va clairement commencer par anéantir les plus petites.

Mais c’est pour notre bien. Moi, je voudrais pourtant juste continuer à former mes clients en marketing digital.



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